Alaphilippe bien plus qu’un espoir

Il n’a pas encore 23 ans, l’âge d’un espoir, mais il est entré de plain-pied dans la cour des grands coureurs de classiques vallonnées.
Julian Alaphilippe, se décrit comme sprinteur et puncheur mais il grimpe aussi avec une aisance déconcertante. S’il n’a pas gagné, le jeune Français s’est classé 2e de la Flèche Wallonne et de la Doyenne.
Heureux comme un gamin, même pas, il coule visiblement du sang de vainqueur dans les veines du gars de Saint-Amand-Montrond. « Même si je suis content d’arriver pour la gagne pour ma première participation, la déception domine : je veux avant tout gagner, je ne peux donc me retirer tout à fait content avec une deuxième place. »
Patrick Lefevere a sans aucun doute recruté une pépite en la personne de celui qu’il a recruté au sein de l’équipe de l’Armée de Terre, structure formation Outre-Quiévrain. Espoir en 2013, ses premiers pas chez les pros se sont soldés par une discrète victoire d’étape au tour de l’Ain 2014 et quelques coups d’éclats au Tour de Catalogne.
Venu apprendre suc ces Ardennaises, il finit 7e de l’Amstel, 2e de la Flèche Wallonne et 2e de Liège – Bastogne-Liège. Un bulletin parfait à Valkenburg pour cet équipier modèle qui s’est ensuite révélé le meilleur des siens à Huy et Ans. De quoi changer de statut en l’espace de quelques jours, pas encore de quoi changer de discours. « Mon rôle consistait à accompagner Michal. J’ai fourni un gros effort dans Saint-Nicolas et c’est au sommet que je me suis rendu compte que ce serait à moi d’assurer dans la finale… »
Le « gamin » saisit-il ou non la portée de ce qu’il vient d’accomplir ? Sans doute mais sa bonne éducation et le discours appris l’empêchent de dévoiler trop clairement sa soif de victoires sur un terrain qui lui sied. Alaphilippe et leader dans la même phrase ? Seul lui-même semble encore en douter. « Notre équipe se distingue sur tous les terrains et répond présente… partout. Je fais ce que l’on me demande avant tout, j’ai compris que cette course me convenait, ma confiance en profite… Peut-être qu’un jour je serai leader et qu’à mon tour, je n’aurais pas les jambes. »
« Le plus dur, c’est de confirmer »
Révélation de la semaine, Alaphilippe est entré dans une nouvelle dimension.
La révélation de la semaine est sans conteste Julian Alaphilippe. 7e de l’Amstel Gold Race et 2e de la Flèche Wallonne, le Français a, à nouveau, brillé en terminant à la deuxième place à Ans derrière le redoutable Alejandro Valverde. L’homme âgé d’à peine 22 ans a failli décrocher un succès d’envergure dès sa première participation à Liège-Bastogne-Liège. En guise de comparaison, seul Bernard Hinault a réussi l’exploit de remporter la Doyenne à 22 ans et 5 mois en 1977. Eddy Merckx, lui, avait terminé aussi à la deuxième place à Liège en 1967, alors âgé de 21 ans et 10 mois.
Pourtant, tout a bien failli s’arrêter à une trentaine de kilomètres de l’arrivée. « J’ai chuté à ce moment-là », glisse le coureur d’Etixx-Quick Step. « J’ai ensuite chassé pendant quelques kilomètres et je suis revenu au sommet de la Redoute avec les favoris. Ensuite, j’ai essayé de récupérer le mieux possible. Nous étions dans une position idéale avec trois coureurs de chez nous dans le bon groupe à 10 km de l’arrivée. Dans la côte de Saint-Nicolas, j’ai contré plusieurs attaques. Au sommet de cette montée, Kwiatkowski a dit qu’il n’avait pas de bonnes jambes, c’était donc à moi de lutter pour le sprint final. J’ai été un peu gêné par Rui Costa dans la dernière ligne droite mais je pense que ça n’aurait rien changé au résultat, Valverde était le plus fort. »
Alaphilippe est donc passé du statut de lieutenant à leader à quelques hectomètres d’Ans. « Je n’ai pas eu trop le temps de réfléchir à ça dans le final. Tout le monde était fatigué et roulait à bloc. Je me suis accroché et j’ai donné tout ce que je pouvais ! »
Pourtant, le Français ne semble pas se contenter pas de la place de dauphin. « Quand on prend le départ d’une course, c’est pour essayer de la gagner. Je ne peux pas me satisfaire pleinement d’une deuxième place. Je suis évidemment heureux mais quand on passe si près de la victoire, c’est très frustrant. »
Le Français n’a pourtant pas l’intention de se reposer sur ses lauriers et garde les pieds sur terre. « Je constate que le travail paie ! Je me suis entraîné pour être en forme ici et je l’étais. Maintenant, le plus dur, c’est de confirmer. Je vais continuer à travailler dur pour encore progresser. »
la semaine qui a révélé Julian Alaphilippe
Le jeune Français Julian Alaphilippe s’est imposé comme un futur candidat à la victoire sur les classiques ardennaises en prenant la 2e place de Liège-Bastogne-Liège dimanche, après s’être révélé une semaine plus tôt à l’Amstel Gold Race (7e) et mercredi à la Flèche wallonne (2e).
Comme à la Flèche, le coureur de 22 ans a buté sur l’Espagnol Alejandro Valverde sur les hauteurs de Ans, dans la banlieue liégeoise. Et comme à la Flèche, Alaphilippe s’est dit « déçu » du résultat.
Il faut pourtant remonter à 1998 pour trouver un Français deuxième de le Doyenne des classiques, avec Laurent Jalabert. Dernier Français vainqueur du monument (en 1980), Bernard Hinault a d’ailleurs salué l’exploit de son compatriote en le félicitant chaleureusement sur le podium.
« Bernard Hinault m’a dit que j’étais fait du même bois que lui. Cela fait plaisir venant de quelqu’un comme lui, mais je ne vais pas m’enflammer », a déclaré le coureur de la formation belge Etixx dont il porte le maillot depuis 2014 après une saison de formation au sein de la formation continentale de l’équipe de Patrick Lefevere.
Malgré ses performances à l’Amstel et à la Flèche, Alaphilippe, ancien militaire de l’armée de terre, a pris le départ de Liège-Bastogne-Liège dans la peau d’un équipier, au service exclusif du Polonais Michal Kwiatkowski, le champion du monde victorieux le dimanche précédent à Valkenburg.
Le Français Julian Alaphilippe 2e de Liège-Bastogne-Liège, derrière l’Espagnol Alejandro Valverde, le 26 avril 2015 © Eric Feferberg AFP
« Mon boulot était de contrôler les attaques dans la côte (finale) de Saint-Nicolas, a expliqué le Français. Une fois au sommet, mon directeur sportif Davide Bramati m’a dit dans l’oreillette de jouer ma propre carte car Michal n’était pas au mieux ».
En s’accrochant avec le Portugais Rui Costa dans la dernière ligne droite, Alaphilippe a « dû consentir un effort supplémentaire » mais Valverde était « le plus fort ».
« Un sacré client » –
« J’ai travaillé pour l’équipe et je n’ai aucun regret par rapport à cela, assure le natif de Saint-Amand-Montrond (Cher). Certes, je ne peux être heureux de passer si près d’une grande victoire mais je suis satisfait de ma condition : le travail a payé ».
Et, surtout, le Français a acquis en huit jours la conviction de pouvoir jouer la gagne dans les années à venir.
« J’étais au service de l’équipe, je suis gêné par la chute à 42 kilomètres de la ligne. Et, malgré cela, je termine sur le podium, c’est très encourageant ».
Pour Valverde, pas de doute, « Alaphilippe sera un sacré client dans les années à venir ». Même si l’Espagnol a concédé qu’il ne se méfiait pas beaucoup de son jeune rival dimanche à Ans.
Comme à la Flèche mercredi à Huy, Alaphilippe faisait figure de gamin sur un podium où il ne cotoyait que des trentenaires (Valverde, Rodriguez à Liège, Albasini à la Flèche). Tous les espoirs sont permis.
« C’est le genre de courses sur lesquelles je pense pouvoir progresser à l’avenir. Je n’avais jamais gravi le Mur de Huy. C’était une découverte. Idem pour la Doyenne. Terminer deuxième sans aucune expérience de ces courses, cela m’ouvre des perspectives », a conclu celui qui prendra le départ du Tour de Romandie mardi.
l’incroyable performance du Montluçonnais Julian Alaphilippe
La 101ème édition de la classique Liège-Bastogne-Liège a été remportée, dimanche, par Alejandro Valverde. Dans sa roue, le Montluçonnais Julian Alaphilippe, qui finit deuxième. Un peu plus loin, un autre auvergnat, Romain Bardet qui, lui termine à la sixième place.
Le jeune Julian Alaphilippe s’est imposé comme un futur candidat à la victoire
sur les classiques ardennaises en prenant la 2e place de Liège-Bastogne-Liège
dimanche, après s’être révélé une semaine plus tôt à l’Amstel Gold Race (7e) et
mercredi à la Flèche wallonne (2e).
Comme à la Flèche, le coureur français de 22 ans a buté sur l’Espagnol Alejandro
Valverde sur les hauteurs de Ans, dans la banlieue liégeoise. Et comme à la Flèche,
Alaphilippe s’est dit « déçu » du résultat.
Il faut pourtant remonter à 1998 pour trouver un Français deuxième de la Doyenne
des classiques, avec Laurent Jalabert. Dernier Français vainqueur du monument (en
1980), Bernard Hinault a d’ailleurs salué l’exploit de son compatriote en le félicitant
chaleureusement sur le podium.
Du même bois qu’Hinault
« Bernard Hinault m’a dit que j’étais fait du même bois que lui. Cela fait plaisir
venant de quelqu’un comme lui, mais je ne vais pas m’enflammer », a déclaré le coureur
de la formation belge Etixx dont il porte le maillot depuis 2014 après une saison
de formation au sein de la formation continentale de l’équipe de Patrick Lefevere.
Malgré ses performances à l’Amstel et à la Flèche, Alaphilippe, ancien militaire
de l’armée de terre, a pris le départ de Liège-Bastogne-Liège
dans la peau d’un équipier, au service exclusif du Polonais Michal Kwiatkowski,
le champion du monde victorieux le dimanche précédent à Valkenburg.
« Mon boulot était de contrôler les attaques dans la côte (finale) de Saint-Nicolas,
a expliqué le Français. Une fois au sommet, mon directeur sportif Davide Bramati
m’a dit dans l’oreillette de jouer ma propre carte car Michal n’était pas au mieux ».
En s’accrochant avec le Portugais Rui Costa dans la dernière ligne droite, Alaphilippe
a « dû consentir un effort supplémentaire » mais Valverde était « le plus fort ».
Un sacré client
« J’ai travaillé pour l’équipe et je n’ai aucun regret par rapport à cela, assure
Alaphilippe. Certes, je ne peux être heureux de passer si près d’une grande victoire
mais je suis satisfait de ma condition : le travail a payé ».
Et, surtout, le Français a acquis en huit jours la conviction de pouvoir jouer
la gagne dans les années à venir.
« J’étais au service de l’équipe, je suis gêné par la chute à 42 kilomètres de
la ligne. Et, malgré cela, je termine sur le podium, c’est très encourageant ».
Pour Valverde, pas de doute, « Alaphilippe sera un sacré client dans les années
à venir ». Même si l’Espagnol a concédé qu’il ne se méfiait pas beaucoup de son
jeune rival dimanche à Ans.
Comme à la Flèche mercredi à Huy, Alaphilippe faisait figure de gamin sur un podium
où il ne cotoyait que des trentenaires (Valverde, Rodriguez à Liège, Albasini à
la Flèche). Tous les espoirs sont permis.
« C’est le genre de courses sur lesquelles je pense pouvoir progresser à l’avenir.
Je n’avais jamais gravi le Mur de Huy. C’était une découverte. Idem pour la Doyenne.
Terminer deuxième sans aucune expérience de ces courses, cela m’ouvre des perspectives », a conclu celui qui prendra le départ du Tour de Romandie mardi.
Interview : « Mon statut n’a pas changé énormément »
Julian, quel sentiment vous laisse votre 2ème place à Liège-Bastogne-Liège ?
J’aurais préféré gagner… Je suis quand même content de ma condition actuelle. Arriver sur le podium de Liège-Bastogne-Liège pour ma première participation est une belle performance. Dans le dernier kilomètre, j’étais à l’arrière du groupe de tête. Tous les coureurs surveillaient Alejandro Valverde. C’était le grand favori et on savait qu’il était le plus fort. A 400 mètres de la ligne, il est parti pour aller rechercher Moreno. Il y a eu une légère cassure. J’ai été obligé de combler le trou. J’ai donc dû produire un effort important. Après le dernier virage, tous les concurrents étaient à bout de forces. Je me suis un peu accroché avec Rui Costa mais cela ne m’a pas gêné. Alejandro était le plus fort.
Pensez-vous que vous payez votre manque d’expérience ?
Evidemment, Liège-Bastogne-Liège est une course où l’expérience est un facteur très important. Aujourd’hui, j’ai pris le départ pour la première fois. J’ai beaucoup appris. Je suis content de terminer aux avant-postes avec de grands coureurs comme Joaquim Rodriguez ou Alejandro Valverde. Ça me fait plaisir et me motive pour la suite de la saison. Il ne me manque qu’une marche sur le podium pour gagner ! Mon placement aurait pu être meilleur. Je dois continuer à progresser.
A-t-il été facile pour vous de gérer les jours qui ont suivi votre podium à la Flèche Wallonne ?
J’ai plutôt bien géré. J’ai dû répondre à beaucoup de sollicitations mais ça représente également énormément de joie. Après la victoire de Michal Kwiatkowski à l’Amstel Gold Race, toute l’équipe était très motivée pour les deux classiques suivantes. Je me suis bien reposé entre les deux courses.
Le travail effectué aujourd’hui au service de Michal Kwiatkowski a-t-il joué en votre défaveur ?
Je ne pense pas. J’ai fait le travail qui m’avait été confié par l’équipe. Michal a payé les efforts qu’il a faits cette semaine. Il a dû répondre à beaucoup de sollicitations. Remporter l’Amstel Gold Race avec le maillot arc-en-ciel est une grande performance. L’équipe a réalisé une magnifique semaine.
Quand avez-vous compris que vous pourriez jouer votre carte aujourd’hui ?
J’étais très motivé. Nous avons accompli un très beau travail pour être bien positionnés tout au long de la journée. Pour ma part, j’ai été pris dans la chute qui a eu lieu à une quarantaine de kilomètres de l’arrivée. J’ai été forcé de m’arrêter pour resserrer ma roue qui avait été déplacée. J’ai chassé derrière le peloton pendant plusieurs kilomètres. Je suis rentré dans le groupe de tête au sommet de la Redoute. Ensuite, j’ai essayé de récupérer au maximum avant d’aborder la finale. Nous étions bien placés avec Michal Kwiatkowski et Zdenek Stybar. Dans la côte de Saint-Nicolas, j’ai effectué le travail qui était prévu. Je devais aller chercher les attaques. Au sommet, j’ai appris que Michal se sentait moins bien et que je pouvais tenter ma chance au sprint.
Vous avez été informé plus tôt qu’à la Flèche que vous pouviez jouer la gagne. A quoi avez-vous pensé ?
Je n’ai pas eu beaucoup de temps pour réfléchir. Tout le monde était épuisé. Les derniers kilomètres défilent très vite. L’ensemble des hommes de tête avait mal aux jambes. Je me suis contenté de m’accrocher. Dans la côte de Saint-Nicolas, j’ai dû produire un effort important. C’est seulement à ce moment que j’ai réalisé être le seul coureur de l’équipe encore présent aux avants-postes.
Pour battre un coureur comme Valverde, n’aurait-il pas fallu attaquer plus tôt ?
Oui, bien sûr. Tout le monde se méfie de lui. Il est le coureur le plus costaud pour le moment. Certains ont essayé de déjouer la tactique en attaquant dans la Roche-aux-Faucons ou dans Saint-Nicolas. La finale a été mouvementée.
Êtes-vous conscient que vous avez changé de statut en seulement une semaine ?
Je suis content de ma forme actuelle. J’ai préparé ces courses pour arriver en bonne condition cette semaine. Je me rends compte que le travail paye. C’est une satisfaction et un plaisir de réaliser de bons résultats. Toutefois, je pense que mon statut n’a pas changé énormément. Mes performances m’ont seulement confirmé que je pouvais encore progresser. Je vais continuer à travailler dur pour m’imposer dans le futur.
Ne pensez-vous pas que votre vie a changé en huit jours ?
Non. Elle n’a pas changé. Je vais continuer à accomplir mon travail pour l’équipe. Je suis très content de terminer 2ème de la Flèche Wallonne mais aujourd’hui Michal Kwiatkowki était désigné comme notre leader. Lui aussi a préparé ces courses. Finalement, la situation a été modifiée au dernier moment. Il faut s’adapter aux faits de course. Peut-être qu’un jour, je serai le leader et que je ne pourrai assumer mon rôle. Je continue à travailler comme l’équipe me le demande. Je le fais avec grand plaisir.
Malgré ces belles places d’honneur, vous êtes déçu. Vous considérez-vous comme quelqu’un de perfectionniste ?
J’aime gagner dans tout ce que j’entreprends. Quand je prends le départ d’une course, je veux essayer de la gagner. Je ne peux pas me satisfaire pleinement d’une 2ème place même si je suis très content. Passer aussi près de la victoire est très frustrant.
Que vous a dit Bernard Hinault, qui reste depuis 1980 le dernier vainqueur français de Liège-Bastogne-Liège, sur le podium à l’arrivée ?
J’ai parlé un peu avec lui. Il était très content pour moi. Il m’a conseillé de continuer sur ma lancée et m’a informé que j’étais le seul Français à réaliser d’aussi beaux résultats depuis ceux qu’il a réalisés. Ça m’a fait vraiment plaisir. Je ne dois toutefois pas m’affoler. Le plus dur sera de confirmer. J’espère pouvoir progresser.