« J’ai déraillé plusieurs fois, ça fout les boules »

Julian Alaphilippe avait les jambes pour remporter l’étape de dimanche (5e à 22 »). Seul en tête, il a vu sa chaîne se coincer et ses espoirs de victoire s’envoler.
Dans l’étuve de Culoz, le bus d’Etixx-Quick Step profite de l’ombre d’un de ces entrepôts qui font le charme des zones industrielles fraîchement bâties. L’étape est finie depuis une bonne demi-heure et tous les membres du staff restent silencieux. Le directeur sportif, Tom Steels, a les bras croisés, perdu dans ses pensées. Julian Alaphilippe effectue en silence, tête baissée, son «cool down», ce petit quart d’heure d’allure mesurée sur des rouleaux. Patrick Lefévère s’approche alors et lui met la main sur l’épaule. «Tu ne peux pas savoir la sensation que c’est d’être seul devant. De voir les autres passer. Et toi, tu attends…», souffle le coureur à son manager, dans l’amertume d’une victoire évanouie sur les lacets étroits de l’Ain.
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A l’ombre de son bus, Julian Alaphilippe tente de trouver du calme en pédalant sur des rouleaux. « J’ai mal au ventre », glisse le jeune Français d’Etixx-Quick Step à l’intention de son soigneur. Il grimace, la gorge nouée, les larmes au bord des yeux. Il sait qu’il vient de passer tout près de l’exploit et que s’il a échoué — il termine 5e à 22 » du vainqueur, Jarlinson Pantano —, ce n’est pas franchement de sa faute. « Je me suis accroché dans la montée du Grand Colombier, souffle le coureur de 24 ans, entre deux respirations. Puis j’ai fait la descente en tête car je ne la connaissais pas et je ne voulais pas prendre de risques. J’ai déraillé à plusieurs reprises, j’ai réussi à remettre la chaîne sur le plateau tout en roulant, mais la dernière fois elle s’est bloquée. J’ai dû m’arrêter et attendre la voiture de mon directeur sportif pour changer de vélo. Voilà, c’est dur car j’avais de bonnes sensations. Je voulais que ce soit une journée particulière et j’ai tout donné. Je suis vraiment déçu. »
Plus encore qu’à Cherbourg, lors de la deuxième étape, où il avait fini deuxième du sprint en côte, coiffé au tout dernier moment par Peter Sagan. « C’est rageant parce qu’il est difficile d’être devant sur le Tour de France, surtout en montagne, souligne Alaphilippe. Tout le monde avait mal aux jambes, et le final me correspondait bien. Si mon problème n’était pas arrivé, j’aurais peut-être gagné, mais on ne le saura jamais. » Alors qu’il file sur son vélo vers le contrôle antidopage, son manageur, Patrick Lefevere, soupire en le regardant s’éloigner : « J’ai l’impression que, sur ce Tour, tout ne va pas bien pour lui. »
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